INTERVIEW Vers une CEMAC plus intégrée : le Président de la Commission Baltazar Engonga Edjo’o éclaire les enjeux de la 16ᵉ Conférence des Chefs d’État

  • septembre 8, 2025
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Monsieur le Président, la session ordinaire de la Conférence des Chefs d’État et de gouvernement de la CEMAC se tient du 9 au 10 septembre. Quels en sont, selon vous, les principaux enjeux pour l’avenir de la sous-région ?

La 16ème session ordinaire de la Conférence des Chefs d’État revêt une importance particulière. Elle permettra d’examiner, comme à chaque rencontre, les avancées en matière d’intégration économique dans notre sous-région depuis la dernière session. À cet égard, il s’agira notamment d’évaluer l’état d’avancement des grandes réformes engagées, en particulier le PREF-CEMAC, le PRAFI, ainsi que l’évolution de la situation macroéconomique, conformément aux recommandations adoptées lors de la session extraordinaire du 16 décembre 2024 à Yaoundé.

Un autre enjeu majeur est la passation de témoin à la présidence de la Conférence des Chefs d’État, entre le Président de la République Centrafricaine Son Excellence Faustin Archange TOUADERA, Président sortant, et le Président de la République du Congo Son Excellence Denis Sassou N’guesso, Président entrant. Ce moment hautement symbolique consacre la continuité et la solidarité entre nos dirigeants pour le projet d’intégration communautaire.

Avant même le début de cette rencontre, comment se sont organisés les préparatifs et quelles attentes majeures ont été exprimées par les États membres ?

Je puis vous assurer que les préparatifs du Sommet se déroulent dans les meilleures conditions. Toutes les dispositions ont été prises, aussi bien par l’État hôte, la République Centrafricaine, que par la Commission de la CEMAC, en stricte conformité avec la réglementation en vigueur en matière d’organisation des assises communautaires. Les délégations arrivent depuis quelques jours déjà à Bangui, témoignant du climat de confiance et de mobilisation qui entoure ce rendez-vous majeur de notre Communauté.

Cette session est aussi marquée par le retour du siège de la Commission de la CEMAC à Bangui. Que représente ce symbole pour l’Institution, mais aussi pour la République centrafricaine ?

Le retour du siège de la Commission à Bangui constitue un symbole fort, à la fois pour notre institution et pour la République centrafricaine. Pour la Commission, il marque le parachèvement d’un processus qui illustre la volonté de consolider l’unité et la proximité avec nos populations. Pour la République centrafricaine, c’est une reconnaissance de son rôle moteur et historique dans la construction communautaire, ainsi qu’un signe de solidarité de toute la sous-région envers ce pays frère.

Venons-en à la libre circulation, pilier fondateur de l’intégration. Où en est-on aujourd’hui dans son application concrète au sein de l’espace CEMAC ?

L’effectivité de la libre circulation des citoyens des pays membres de la CEMAC, sans visa, est une réalité indéniable. C’est une avancée majeure et irréversible dans notre processus d’intégration. Permettez-moi de rappeler que la garantie de la liberté de circulation des personnes, des biens, des services, des capitaux, ainsi que le droit d’établissement, constitue par essence un objectif cardinal de notre Communauté.

Quels sont les principaux obstacles qui persistent, malgré les décisions politiques prises au plus haut niveau ?

Nous pouvons retenir deux obstacles majeurs qui continuent de freiner la pleine réalisation de la libre circulation. Le premier concerne la faiblesse des infrastructures de transport et de communication, qui limite les échanges et accroît les coûts de déplacement. Pour y remédier, la CEMAC mise sur l’exécution des projets intégrateurs prioritaires, axés sur la construction et la modernisation des routes, corridors et autres infrastructures essentielles, afin de désenclaver les territoires et fluidifier les échanges.

Le second obstacle tient aux tracasseries administratives et à la persistance de barrières non justifiées aux frontières et sur les corridors routiers. Afin de les réduire, la Commission de la CEMAC a engagé la mise en place de postes de contrôle transfrontaliers uniques et de brigades mixtes, pour rationaliser les procédures et instaurer plus de transparence. Ces deux leviers – infrastructures et simplification des contrôles – constituent des conditions indispensables pour concrétiser la libre circulation dans la sous-région.

Certains craignent que cette libre circulation accentue les risques sécuritaires transfrontaliers. Quelles garanties apporte la Commission pour rassurer les États et les citoyens ?

La question sécuritaire est légitime et nous la prenons très au sérieux. La Commission travaille en étroite collaboration avec les États membres afin de renforcer la coopération transfrontalière en matière de sécurité et de gestion des flux migratoires. Il s’agit de garantir que la libre circulation se fasse dans un cadre sécurisé, respectueux de la souveraineté des États et protecteur des citoyens.

Sur le plan économique et social, quels bénéfices concrets les populations ressentent-elles déjà ?

Sur le plan économique et social, les retombées de la libre circulation et des réformes communautaires sont palpables, même si nous reconnaissons que leur perception par les populations reste faible. Toutefois, les populations bénéficient déjà d’une plus grande mobilité, d’échanges commerciaux facilités et d’opportunités accrues pour les opérateurs économiques. Cela favorise également une meilleure intégration culturelle et sociale entre nos peuples, cimentant ainsi le sentiment d’appartenance à une même communauté.

Enfin, Monsieur le Président, après cette session de septembre et le retour de la Commission à Bangui, quelles perspectives tracez-vous pour accélérer l’intégration régionale et rapprocher davantage les peuples ?

L’avenir de notre Communauté est porteur d’espérance. Après ce Sommet et le retour du siège de la Commission à Bangui, nous voulons poursuivre le processus d’intégration régionale. Cela passera par une mise en œuvre plus rigoureuse des réformes, la levée progressive des obstacles à la libre circulation, la dynamisation de notre marché commun et le renforcement de la solidarité entre États. Plus que jamais, notre objectif est de rapprocher les peuples, de bâtir une CEMAC forte, résiliente et prospère au service du bien-être des citoyens.

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