• Un cadre stratégique pour le développement économique
“L’APE représente une véritable opportunité pour le développement économique du Cameroun”, a déclaré Stéphane André, Conseiller et Chef de la Section Commerce au sein de la Délégation de l’Union Européenne. “Ses objectifs sont multiples : faciliter les échanges commerciaux, renforcer les capacités institutionnelles et améliorer la compétitivité des entreprises locales”, précise M. André. Les résultats attendus incluent notamment l’amélioration des mécanismes de concertation entre la CEEAC et la CEMAC, et le renforcement des corridors commerciaux régionaux.
• Des mesures concrètes pour les entreprises
Eddy Essola, Inspecteur Principal des Douanes, a présenté les dispositifs douaniers spécifiques de l’APE : “Les exonérations douanières et la règle d’origine permettent aux entreprises camerounaises d’exporter vers l’UE avec des avantages tarifaires significatifs”. C’est le cas de la Société de Production des Légumes PROLEG S.A. de Bandjoun, qui exporte des haricots verts vers l’Europe grâce à ces mécanismes. “Cette année, nous avons pu augmenter nos exportations de 35% grâce à ces facilitations”, témoigne Jean-Marc Nkouka, Directeur Général de PROLEG. “Cela nous permet d’être plus compétitifs sur le marché européen.”
• Complémentarité avec la ZLECAF
Parfait Eppoh, Coordinateur du Secrétariat Technique de la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAF) pour la CEEAC/CEMAC, souligne l’importance de l’articulation entre l’APE et la ZLECAF : “Ces deux accords ne sont pas concurrents mais complémentaires. Ils permettent aux entreprises africaines d’accéder à des marchés plus larges tout en maintenant des relations privilégiées avec l’UE.” Cette complémentarité se traduit notamment par des règles d’origine harmonisées et des procédures simplifiées pour les exportateurs. “Nous avons formé plus de 200 entreprises camerounaises à ces nouveaux mécanismes”, ajoute M. Eppoh.
• La propriété intellectuelle comme levier de croissance
Gregor Schneider, Ministre-Conseiller à la Délégation de l’Union Européenne, a insisté sur l’importance de la propriété intellectuelle : “Protéger ses innovations et marques est essentiel pour conquérir les marchés internationaux.” Le cas de l’entreprise agroalimentaire CAMFOOD illustre parfaitement ce point : “Après avoir déposé plusieurs brevets et marques, nous avons pu exporter nos produits vers l’UE avec une meilleure valorisation”, explique Marie Douala, Directrice Marketing.
• Le rôle crucial du secteur privé
Professeur Machikou Ngameni, Vice-Recteur de l’Université de Dschang, a mis en avant l’importance du secteur privé dans l’accélération de la croissance : “Les PME doivent s’organiser pour tirer parti de ces accords. La région de l’Ouest, avec son potentiel agricole, est particulièrement bien positionnée.”
Les participants ont également bénéficié d’ateliers pratiques sur les normes SPS (sanitaires et phytosanitaires), la certification et les règles d’origine. “Ces formations sont essentielles pour améliorer la compétitivité de nos entreprises”, souligne Paul Etoundi, représentant de la Chambre de Commerce de l’Ouest.
• Impact sur les différents secteurs
L’agriculture, la pêche et l’économie forestière représentent près de 60% des exportations camerounaises vers l’UE. “Avec l’APE, nous pouvons diversifier nos produits et accéder à des segments de marché plus valorisants”, explique Suzanne Mefire, représentante de la Chambre d’Agriculture de l’Ouest.
Le secteur industriel n’est pas en reste. Le Complexe Chimique et Industriel du Cameroun (CCIC) a ainsi pu développer de nouvelles lignes de production destinées au marché européen. “Nos investissements ont été multipliés par trois depuis l’entrée en vigueur de l’APE”, confirme Alain Nkeng, Directeur Général.
• Perspectives et défis
Malgré ces avancées, des défis persistent. “Il faut continuer à renforcer les capacités des administrations fiscales et douanières, ainsi que les infrastructures de certification”, souligne le Gouverneur de la Région de l’Ouest. La mise en place d’un guichet unique pour le commerce extérieur (GUCE) est un progrès notable dans cette direction.
Les participants ont également insisté sur la nécessité d’une meilleure information des opérateurs économiques et d’une implication plus forte des autorités locales dans la mise en œuvre de l’APE. Cet atelier a permis d’identifier plusieurs axes prioritaires :
• Renforcer la formation des acteurs économiques sur les mécanismes de l’APE
• Améliorer la coordination entre les différents niveaux de pouvoir
• Accélérer la modernisation des infrastructures douanières
• Promouvoir la création de clusters industriels compétitifs
“Avec plus de 60 étudiants présents, nous assurons aussi la relève”, se réjouit Professeur Ngameni. “La jeunesse camerounaise doit s’approprier ces opportunités pour bâtir l’économie de demain.” Cet atelier marque une étape décisive dans la mobilisation des acteurs économiques autour de l’APE. Les perspectives de croissance sont réelles, à condition de maintenir cet élan de formation et d’accompagnement. Comme l’a souligné Stéphane André lors de la clôture des travaux : “L’avenir appartient à ceux qui sauront transformer ces opportunités en succès concrets sur le terrain.”
Les participants repartent avec des outils concrets et une vision claire des bénéfices potentiels de l’APE, ce qui ouvre la voie à une série d’initiatives similaires dans d’autres régions du Cameroun, contribuant ainsi à une appropriation plus large de cet accord stratégique.
Avec un financement continu de l’Union Européenne et un engagement fort des autorités camerounaises, le PAIRIAC poursuit son action jusqu’en 2026, date prévue pour la fin de sa phase opérationnelle. Les résultats déjà observables démontrent la pertinence de cet accompagnement dans le développement économique durable de la région.